Cercle est une chaine à part dans la galaxie Youtube car elle privilégie les séquences longues (1 h 30 en moyenne) et les performances live en extérieur là où les youtubers nous ont habitués aux séquences courtes et hyper montées, souvent tournées dans leur salon. Mais ce format original permet aux artistes de prendre le temps d’une expression profonde et introspective, loin des stéréotypes des tubes à 3 minutes 30 calibrés encore aujourd’hui pour une diffusion en radio.
Un voyage musical
Cercle parcourt le monde afin d’organiser tous les lundis ce que la chaine appelle très justement les « lundis Cercle ». Il s’agit de transporter un musicien électronique ou un DJ dans un des plus beaux endroits de la planète afin d’en capter la prestation live, avec ou sans public. La beauté architecturale ou naturelle du lieu entre alors en raisonnance avec la musique et lui donne une ampleur que le disque ou la prestation en festival ne peut lui apporter.
Mais quand il s’agit de musique et d’image, il faut que la qualité technique soit au rendez-vous pour que la sensibilité des prestations soit captée sans altération. Et c’est ce que nous proposent les équipes de Cercle avec un son exceptionnel et des images à couper le souffle. On sent bien ici l’apport considérable des nouvelles technologies qui permettent un enregistrement impeccable de l’audio, que ce soit dans les fjord norvégiens, au bord de la mer à Bali ou encore au beau milieu du plus grand salar du monde à en Bolivie. Les prises de vue bénéficient, quant à elles, de l’apport des reflex numériques, des steady cam légères et des drones preneurs de vue.
Une chaine en devenir
La chaine est perpétuellement mis à jour avec de nouvelles vidéos, nous vous recommandons donc chaudement de vous abonner afin de ne pas rater les prochaines sorties. Les lieux des performances sont extrêmement variés et on constate un développement à l’international depuis quelques temps après avoir fait un tour de France dans un grand nombre d’endroits tous plus photogéniques les uns que les autres. Toute cette musique est accessible gratuitement et l’on doit cela à des sponsors renommés qui permettent le financement de ces petits bijoux musicaux.
Voici pour terminer une petite sélection des prestations que nous avons apprécié en prenant le temps de les regarder in extenso !
Fatboy Slim à Brighton beach
Mentions spéciale pour la prestation de Fatboy Slim qu’il était tout de même amusant de faire jouer en haut d’une tour à Brighton beach, à l’endroit même où il avait créé l’évènement en organisant un concert sauvage qui restera dans les mémoires et qui a grandement contribué à sa notoriété.
C’est en diggant sans but (pléonasme ?) sur Spotify que je suis tombé par hasard sur l’album Voyage de Brian Benett. J’ai alors découvert un univers qui ma été familier dès les premières notes tant il est proche de ceux qui sont développés par Vangelis ou par Air sur leurs albums respectifs. Cet album est sorti en 2010 et il était tout à fait dans l’air du temps à cette époque où le revival 70s était encore vivace en Europe. Mais à la différence des musiciens comme Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin qui n’appartiennent pas à une génération active à cette époque, Brian Benett est musicalement actif depuis les années 50, nous pouvons donc dire qu’il a fait partie des architectes sonores des années 60/70, notamment en participant à l’aventure des Shadows. Pour les connaisseurs, l’empreinte sonore et les compositions de ce groupe British resteront fondamentales pour le rock et la pop mondiale.
KPM 1000 Series : 1000 albums à son actif !
Satisfait de cette première découverte, j’ai poursuivi mes recherches et je suis tombée sur une série d’albums verts (la pochette !!!) dans laquelle il a produit de multiples opus en marge de ses activités plus médiatiques. Car en effet, Brian Benett et un grand nombre de compositeurs et musiciens anglais, collaborent depuis les années 1830 avec un label nommé KPM Musichouse (les initiales de Keith-Prowse-Maurice) renommé KPM en 2011 par EMI qui l’avait racheté en 1997. L’activité de ce label anglais est quelque peu spécifique dans la mesure où il ne produit que de la musique d’habillage à l’image. Il s’agit d’une librairie musicale où les réalisateurs de cinéma ou de télévision peuvent venir acheter de la musique pour habiller leurs productions en fonction de leurs besoins.
Mais ce n’est pas parce que cette musique a une fonction utilitaire qu’elle est dénuée de qualités. Je peux vous confirmer, après l’écoute d’un certain nombre des albums de la série, qu’il s’agit de compositions, d’interprétations et d’enregistrements d’excellente qualité. Ils n’ont pas le cliquant des productions grand public et sont souvent sans paroles car la musique d’habillage est majoritairement instrumentale. Ce qui se comprend aisément si on considère sa fonction d’intégration aux images.
Des musiques pour travailler, se concentrer et se reposer
À la différence des titres tonitruants que la musique commerciale peut nous proposer à l’époque moderne, ces titres ont une valeur historique intéressante car ils sont fortement typés et bien ancrés dans leurs époques respectives de production. Mais de surcroît, il s’agit de musiques reposantes, de longues plages musicales que l’on pourrait qualifier de musique d’ascenseur, sans que cela ne soit aucunement péjoratif. Bref, si vous ne l’aviez pas encore compris, cette collection mérite réellement votre attention tant l’écoute est réjouissante. Vous devriez tout à fait trouver chaussure à votre pied ou disque à votre oreille car cette librairie compte aujourd’hui pas moins de 1000 albums publiés, dans des genres extrêmement variés !
Mais toutes ces considérations n’ont un intérêt que si vous pouvez avoir accès à cette librairie musicale et c’est aujourd’hui le cas car l’intégralité des albums a été publiée sur les grandes plateformes de streaming que nous utilisons communément. Que vous utilisiez Spotify, Apple Music, Youtube Play ou Deezer, vous pourrez retrouver l’intégralité des 1000 albums dans leur catalogue.
Et pour finir, voici une courte vidéo qui montre le travail de composition et d’enregistrement mis en oeuvre autour des albums de la collection.
Et chez les autres libraires musicaux ?
D’autres librairies musicales comme Cezame Music Agency, Universal Production Music (Ex. Koka Media), Vox Terrae ou encore UBM sont aussi disponibles sur les plateformes de streaming les plus populaires mais les albums publiés sont plus difficiles à trouver. Une astuce sur Spotify consiste à faire une recherche sous la forme label:cezame pour trouver, par exemple, tous les albums de Cezame Music Agency. Si le nom du label comporte des espaces, utilisez la forme label: »Vox Terrae ».
Le confinement devient une réalité aux États-Unis et même les stars, habituées à une vie hyperactive, se retrouvent quelque peu désoeuvrées. Il faut donc occuper le temps comme on peut, mais c’est aussi l’occasion pour certains de faire preuve de générosité, même si l’artiste qui nous occupe n’a pas attendu le confinement pour être généreux, loin de là ! En effet, Bruce Springsteen est connu depuis bien longtemps pour ses multiples engagements caritatifs. Mais c’est aujourd’hui dans le domaine artistique que s’exprime de nouveau sa générosité car il nous propose de passer 5h30 en sa compagnie dans une émission diffusée sur SiriusXM. Bruce est confiné chez lui, son émission s’appelle donc « Bruce Springsteen from his home to yours » (Bruce Springsteen pour vous depuis sa maison). Le show est disponible sur la chaine bien nommée E Street Radio et la gratuité de l’émission sur SiriusXm, réseau payant, est exceptionnelle.
L’émission consiste en un enchainement de commentaires personnels sur les titres diffusés et savamment choisis par le Boss. Les titres Gospell, Folk, Pop ou RnB alternent donc dans cette émission très confidentielle au ton calme et nonchalant. Cela n’est pas sans nous rappeler les longues plages musicales commentées en voiceover dont les radios pirates avaient le secret dans les années 70/80. La référence au sublime film Good Morning England sorti en 2009 est évidente. Et comme vous avez le temps, nous vous invitons à le voir ou le revoir tellement les répliques des animateurs y sont jouissives !
En revanche, si vous l’avez déjà vu, vous n’aurez pas pu passer à côté de la bande son car elle recèle quelques perles comme le sublime Dig Down de Muse ou encore l’explosif Blah Blah Blah de Armin van Buuren. Voici donc un petit retour sur les titres qui nous ont le plus marqué dans cette BO :
Blah Blah Blah de Armin van Buuren et Dmitriy Mityukhin
Dig Down de Muse
The Fear de The Score
Run de AWOLNATION
Wannabe des Spice Girls (pour la blague !)
Club Foot de Kasabian
To see Ninja de Bobsan
Et voici la playlist complète disponible sur Spotify :
Et vous ? dites nous dans les commentaires le titre que vous avez préféré !
Je l’ai écoutée, réécoutée, c’en est même devenu obsessionnel, la reprenant au piano, en karaoke, ou mois heureusement accompagné d’un pianiste improvisé… Mon voisin de Véronique Sanson est une chanson qui aura compté pour moi. Au point que je semble avoir transmis le virus à mes filles !
Mais ce n’est pas ce caractère obsessionnel très personnel qui explique mon choix de vous parler de cette chanson aujourd’hui. Plus que les autres titres présents sur l’album Sans regrets réalisé par Véronique Sanson en 1992, Mon voisin est un titre singulier.
Écrite pour Isabelle de Funès
Il a en effet été écrit en 1968 pour figurer sur un 45 tours de Isabelle de Funès (nièce d’un acteur comique que vous connaissez bien) par Violaine et Véronique Sanson, anciennes membre du groupe Les Roche Martin qu’elles composaient avec François Bernheim. Il s’agit donc d’une chanson de commande, écrite à une époque où toutes les jeunes starlettes qui avaient les moyens de se trouver un producteur sortaient un 45 tour, manière de s’essayer à la chanson sans prendre trop de risque (l’exercice consistait la plupart du temps à interpréter 4 chansons en vitesse devant un micro, souvent en un après-midi, puis de retourner à leur vie mondaine, comme si de rien était). On a ainsi vu des comédiennes comme Mireille Darc interpréter des chansons aussi improbables que Hélicoptère (chanson que l’on doit à Serge Gainsbourg, à l’époque où il était esclave d’une production massive de chansons nécessaire à subvenir à ses besoins).
Et cette interprétation fine et sensible de Isabelle de Funès donna lieu à un clip, dans une ambiance bon enfant, très nouvelle vague, je vous laisse le plaisir de la découverte.
Mais cette interprétation ne semble pas avoir réellement marqué les mémoires car cette chansons n’est même pas disponible aujourd’hui sur Spotify ou sur les autres catalogues de streaming. Serait-elle donc tombée aux oubliettes ?
Du neuf avec du vieux
Eh bien non, car l’histoire ne s’arrête pas là. Véronique Sanson décide de la reprendre en 1992 sur son album Sans regrets. La production de ce dernier par bernard Saint-Paul, son complice de toujours, a été quelque peu compliquée par le fait que Véronique ne travaille jamais beaucoup avant d’enregistrer et qu’elle est cette fois-ci à cours de chansons, « en panne d’inspiration ». Il convient donc de faire les « fonds de tiroir » pour trouver des titres à interpréter, même si le jeu consiste à voyager dans le passé ou même à fabriquer du neuf avec du vieux. Autant pouvons-nous voir l’utilisation de Mon voisin comme une réhabilitation heureuse d’une chanson passée et qui n’a pas eu le succès qu’elle méritait, autant Rien que de l’eau, chanson présente sur le même album, est une re-fabrication à partir d’une chanson de Bernard Swell intitulée initialement I wanna know, il s’agit donc de retaper un vieux tube avec de nouvelle paroles pour faire une nouvelle chanson. Mais bien que ce procédé semble peu orthodoxe aux yeux des puristes qui adulent les chansons originales, pour leur statut de créations ex-nihilo, il n’a pas empêché un succès national massif à Rien que de l’eau que Véronique Sanson et Paul Personne reprenaient, comme dans une spirale perpétuelle, en 2013 sur le plateau de Taratata. Les méthodes de création, et j’en suis bien convaincu, n’ont que peu de rapport avec le succès d’une oeuvre, sinon ce serait trop simple…
Et c’est ainsi que Mon voisin est repris par une de ses créatrices sur un album original qui contient plusieurs autres chefs-d’oeuvre (Sans regrets, Rien que de l’eau ou encore Panne de coeur). On retrouvera d’ailleurs sur cet album un autre titre interprété à l’époque par Isabelle de Funès sur un 45 tour, il s’agit du vénéneux Une odeur de neige (1969).
De la bossa-nova à la pop
Sur le plan musical, Mon voisin est une chansons bien ancrée dans son époque, la fin des années 60 est rythmée par la bossa-nova et plus précisément par les tubes de Astrud Gilberto (Girl from Ipanema, 1964). Et ce n’est pas forcément audible de prime abord sur la version de 1992 dont l’arrangement est très binaire mais l’écriture de Mon voisin est très proche de la bossa-nova, qu’il s’agisse du rythme des paroles ou des enchainements harmoniques, vous l’aurez constaté à l’écoute de la version de 1968. Et c’est là la magie de l’arrangement et de la réinterprétation, la version de 1992 nous propose une chanson pop bien ancrée dans son époque, les couplets 2 et 3 ont même été inversés ainsi que les paroles « Ils sont rentrés, ses parents il doit les aimer » remplacées par « Ils sont rentrés, j’entends du bruit dans l’escalier ». Ces légers changements permettent, tout en maintenant le caractère énigmatique des paroles, de réaliser un clip au sens tout à fait différent.
Et comme vous pouvez le constater, cette chanson est alors devenue moderne et parfaitement intégrée à l’esthétique de l’album, aux côtés de titres beaucoup plus récents et on ne voit pourtant aucune différence. C’est certainement là l’apanage d’une grande chanson.
En duo
Une dernière remarque pour terminer, il semble qu’il ait été difficile de choisir entre les deux versions enregistrées pendant les prises de son car une seconde version est présente à la fin de l’album avec un arrangement plus jazz, intégrant des sons de synthé très 90’s, à la façon de ce que peut proposer Bob James à la même époque. Et c’est cette dernière version que Véronique Sanson interprétera en live avec Yves Duteil sur son album Sanson comme ils l’imaginent. C’est dire à quel point la vie de cette chanson est riche, et ce n’est certainement pas terminé !
Goldfrapp est un groupe de pop atypique dans la scène musicale britannique. Composé de Alison Goldfrapp qui en est la chanteuse et de Will Gregory, producteur et clavieriste, le groupe ne fait rien comme les autres : il enregistre ses deux premiers albums seul dans un bungalow près de la ville de Bath en Angleterre, il provoque sexuellement sur scène ou dans ses clips et il se sépare de son label d’origine pour mieux y revenir ensuite. On doit certainement cette identité iconoclaste à la chanteuse qui parquait déjà un caractère provocateur dans son adolescence, notamment en faisant usage de drogues.
La chanson Strict Machine est issue de l’album Black Cherry, second album du groupe, sorti en 2003. Autant le premier album intitulé Felt Mountain était calme et mélancolique, autant ce second opus est rythmé et electro. Et nous entendons la provocation identitaire du groupe jusque dans la musique, Le son de caisse claire qui rythme la musique ressemble furieusement au bruit d’une cravache qui claque. L’imaginaire du SM ne serait-il donc pas très éloigné ? Tout porte à le croire car la chanteuse n’a pas hésité sur cette tournée à se présenter sur scène en mini-short, affublé d’une queue de cheval (non, il ne s’agit pas de cheveux, mais plutôt de chevaux). C’est donc bien le short qui est affublé d’une queue de cheval et non la chanteuse…
Je vous laisse donc découvrir la chanson et imaginer ce qui vous fera plaisir à l’écoute de ces coups … de cravache !
PS : en matière de subversion et de suggestivité sexuelle, c’est le clip du titre Train, lui aussi issu de l’album Black Cherry, qui remporte la palme car là, tout est équivoque sur le plan visuel. Et pourtant, la musique l’est moins que dans la chanson Strict Machine.
Quand il s’agit des paroles, on constate souvent que les grands auteurs bénéficient de circonstances particulières pour être inspirés. Et c’est bel et bien ce qui est arrivé à Sting pour Roxanne. Je m’explique : nous sommes en octobre 1977, le groupe police se produit au Nashville club à Paris et loge dans un hotel bas de gamme, comme la capitale sait si bien en faire. Sting voit dans la rue, à proximité de son hotel, les prostituées qui se promènent et entrent avec leurs clients dans les maisons closes qui signalent leur présence sur la rue par des lanternes rouges. Il ne manquait à cela que le nom de Roxanne, trouvé sur une affiche de la pièce Cyrano de Bergerac visible dans le foyer de son hotel, pour que Sting dispose de tous les éléments pour écrire une chanson mythique.
Mais la légende ne s’arrête pas là car, comme souvent avec les oeuvre marquantes, cette chanson n’aurait pas dû voir le jour. C’est Stewart Copeland qui composait la majorité des chansons du groupe, et il refusait régulièrement les chansons de Sting. Le groupe bénéficiait d’un succès d’estime auprès des amateurs de musique et ne parvenait pas à percer auprès du grand public. Le trio méritait donc un changement de direction afin de rencontrer enfin le succès. C’est ce qui survenu lors d’une rencontre avec Miles Copeland, frère de Stewart mais aussi producteur de groupes. Voici à quoi a dû ressembler la discussion qui permettra à Roxanne de devenir un tube. Miles était venu rencontrer le groupe pour écouter ses nouvelles compositions et déterminer celles qui devaient figurer sur leur prochain disque (merci à Wikipedia pour la source de ce dialogue hors du commun) :
Miles vient donc les voir, les écoute, puis dit clairement : « Ça ne se vendra pas les gars… »
Là-dessus, l’ingénieur du son lance : « Jouez-lui la chanson de Sting »,
Miles : « Oui, allez-y, je suis venu pour écouter ce que vous jouez…Alors jouez moi cette chanson… »,
Stewart : « Si t’as pas aimé les autres, c’est pas la peine d’écouter celle-là, c’est une chanson d’amour, c’est pas très punk »
Miles : « Envoyez, on verra… »
Police s’exécuta… Miles : « Putain, c’est un tube, les gars, je vous prends ! »
Dernière anecdote qui vaut son pesant de cacahuètes : l’accord de piano entendu au début de la chanson ainsi que les rires de Sting sont un accident ! En effet, lors de la prise de son qui eut lieu après une nuit blanche de travail, Sting, fatigué, s’appuya accidentellement sur le clavier d’un piano dont il pensait le couvercle fermé et qui se trouvait dans la cabine de prise de son. Cet incident ayant eu lieu pendant qu’il écoutait l’introduction de la chanson, juste avant de chanter lui même et micro grand ouvert, l’enregistrement de l’évènement atterrit sur les bandes. Trouvant ces sons appropriés à agrémenter l’introduction de la chanson, le groupe décida de les conserver au mixage. C’est ainsi que le monde entier écoute cet accord dissonant depuis près de 40 ans quand il joue la chanson !
Cet incident n’a pas empêché la chanson de devenir un succès planétaire et, encore selon Wikipedia, la France serait un des pays où elle a le mieux fonctionné à sa sortie, avec 4 places de plus qu’en Angleterre au classement. Peut-être que ce titre français n’est pas étranger à cette réussite hexagonale ?
En trois notes, l’ambiance est posée. C’est oppressant, planant. On ressent puissamment la gène que Gabriel essaie de nous transmettre. Cette chansons n’est pourtant pas triste, mais elle nous invite dans un univers poétique… magnétique. Gabriel Garzón-Montano s’est fait connaître en assurant les premières parties d’une tournée européenne de Lenny Kravitz, il a ensuite été samplé par Drake sur un titre qui a remporté un Grammy Award. On peut aussi remarquer le chanteur au détour d’une vidéo Youtube où il interprète le même Fruitflies dans la Maison du Blues de Anaheim, Californie. On a souvent comparé la musique de Gabriel Garzón-Montano à celle de Frank Ocean. Les ressemblances sont indéniables mais je trouve que l’univers poétique et l’originalité de composition du premier le distancent largement du second que je classerai volontier plus proche du courant R&B. Car, en plus du R&B, Gabriel Garzón-Montano revendique des influences dans les courants soul et funk, notamment Stevie Wonder.
Je vous recommande aussi vivement les autres titres de son album Jardin sorti en 2017, tout est bon à écouter ! Je souhaitais décerner une mention particulière à la qualité des sons et à la finesse des mixs, nottament sur les composites de voix qui sont extrêmement justes.
Vous retrouvez peut-être le chemin de la maison (indice : paroles de Fruitflies) après avoir écouté cet album !
La formule qui consiste à parler de « chansons sans paroles » peut semble curieuse, mais c’est pourtant bien ce que nous offre Mathieu Chedid dans son album Labo -M-. En effet, ce disque atypique est une sorte de disque d’ambiance, en tous les cas il emmène en voyage. Il est composé de versions démo de chansons parues dans ses albums précédents, de jams endiablées et de collages sonores du plus bel effet. Vous reconnaîtrez certainement quelques-uns des tubes du chanteur, c’est assez facile, même si les paroles ne sont que suggérées, voire fredonnées.
Je décerne une mention particulière aux collages sonores qui habillent certains titre enregistrés sur un 4 piste plein de souffle : les bruits d’insertion de cassettes et de touches de magnétophone nous replongent dans les conditions de l’enregistrement. Voire dans la chambre de bonne ou les prises de son semblent avoir été réalisées ?
Ce sont certainement tous ces atypismes qui font de cet album un disque classé dans la musique indépendante plutôt que dans la pop/rock habituelle de l’artiste. Un album nommé La BO2 -M- est sorti en 2015, il se présente comme une suite de Labo -M-. Ce nouvel opus est l’occasion pour l’artiste de nous gratifier d’une première piste de 29 minutes où il raconte un rêve. Je trouve cet album un peu moins intéressant car moins singulier mais il vaut tout de même le détour. Alors bon voyage !
J’ai dû écouter cette chanson plus d’une centaine de fois, ses riffs entêtants, cette odeur de sueur…
Nous sommes en 1983 et Mark Hollis compose cette chanson pour son groupe, Talk Talk, un an avant la sortie de l’album qui l’accueillera. C’est tout de suite un hit partout en Europe, la chanson battant des records de durabilité dans les classements de plusieurs pays dont la France. Cette chanson est inspirée par le roman de Luke Rhinhart intitulé L’Homme-dé. Elle bénéficiera d’une version longue tout aussi intéressante car plus déconstruite parue en 1998 sur la compilation Asides And Besides.
Je vous invite à rechercher les cover réalisés par des artistes connus sur ce titre, notamment celui de An Pierlé car il proposent des interprétations originales et sensibles qui rendent réellement hommage à la qualité de la composition. Mais c’est sans compter sur la version survoltée que nous a proposé au festival de jazz de Montreux en 1986. J’ai rarement vu une telle énergie déployée sur scène, au point, fait rare, que je partage avec vous la vidéo de ce moment magique !